Selon des travaux supervisés par l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), différents leviers d’adaptation sont mobilisables au niveau du sol et du végétal, combinés éventuellement avec des techniques d’ombrage. Mais leur impact cumulé reste encore à documenter.

 

On présente souvent la vigne comme étant un marqueur du changement climatique, de par les incidences que celui-ci opère sur la phénologie de la culture (avec notamment l’avancement des vendanges), sur les rendements (pénalisés par le déficit et stress hydriques) et sur les caractéristiques organoleptiques des vins, induites notamment par la modification des équilibres entre sucre et acidité.

Espèce pérenne, régie par des cahiers des charges (47 % de la production en AOC), réputée résistante à la sécheresse et de ce fait peu irriguée, la vigne présente une vulnérabilité toute particulière au changement climatique dont l’accélération des méfaits surprend jusqu’aux climatologues. Dans ces conditions, comme forcer la résilience de l’espèce ? C’est à cette question que l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) a tenté de répondre en coordonnant des travaux expérimentaux et collaboratifs dans les Régions Occitanie et Sud.

Agir sur le végétal et sur le sol

Résultats ? « Les leviers techniques à mettre en place au vignoble pour limiter les effets du changement climatique sont peu nombreux », concluent les chercheurs. Ceux-ci ont exploré plusieurs méthodes, à commencer par l’amélioration du fonctionnement hydrique des sols. À ce niveau, il s’agit de limiter les pertes en eau par évaporation directe en utilisant des paillis de surface, ou encore d’améliorer la capacité de rétention en eau en modifiant les caractéristiques physico-chimiques. Mais dans le premier cas, la réduction de l’évaporation directe du sol ne s’est pas traduite pour la vigne par des effets significatifs sur la contrainte hydrique en situation de sécheresse.

Dans le second cas, si le fonctionnement des sols a été grandement amélioré, les résultats n’ont toutefois pas pu mettre en évidence d’effet positif sur la réduction de la sensibilité à la contrainte hydrique. Un autre levier réside dans la gestion du rapport feuilles/fruits. Mais en situation de contrainte hydrique modérée à forte, la modulation de la charge en raisin n’apporte pas de réponse suffisante pour compenser les effets de la sécheresse.

Les atouts de l’ombrage

Un dernier levier a consisté à interagir sur le climat, en réduisant l’intensité lumineuse, par différentes solutions d’ombrage (filets, panneaux photovoltaïques). Les premiers résultats sont encourageants. L’effet de l’ombrage sur la contrainte hydrique est significatif et durable, même en situation de forte sensibilité à la sécheresse, le gain est proche d’une classe de contrainte hydrique sur la grille d’interprétation proposée. Sur raisin, l’ombrage induit un retard de maturité en sucres et un décalage de la date de récolte d’environ 7 à 10 jours, mais s’accompagne d’une baisse de l’intensité colorante des raisins dont il faut apprécier la portée en fonction du cépage concerné ou du type de vin recherché.

En conclusion, l’IFV juge que les leviers techniques pour limiter les effets du changement climatique sont peu nombreux. Si la modification d‘une seule pratique culturale semble de portée assez limitée, il reste à évaluer l’impact de la somme de ces actions individuelles comme stratégie d’adaptation.

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© Raphaël Lecocq – Uni-Médias – mai 2023

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