Face aux problèmes de surproduction, auxquels sont confrontés plusieurs bassins de production, dont le Bordelais et le Languedoc, les pouvoirs publics mettent en œuvre un dispositif de distillation.

 

La filière viti-vinicole traverse actuellement une crise conjoncturelle, dans un contexte d’inflation lié à la guerre en Ukraine qui exacerbe des difficultés structurelles dans certains bassins viticoles et couleurs de vins : tel est le constat dressé par le ministère de l’Agriculture. Il faut dire que depuis des mois, le vignoble bordelais tire la sonnette d’alarme, estimant le surplus de production à 3 millions d’hectolitres, au coût de production supérieur au prix de vente. Le Languedoc-Roussillon ou encore la Vallée du Rhône lancent également des alertes, sur fond d’un phénomène de déconsommation.

Selon le Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d’origine et à indication géographique (CNIV), la consommation de vin des Français a chuté de 70 % au cours des six décennies écoulées, passant de plus de 120 litres par an et par habitant en 1960 à moins de 40 litres en 2020. Chez 18/35 ans, le vin a perdu 9 points de parts de marché entre 2014 et 2021 face aux autres boissons alcoolisées.

Jusqu’à 160 millions d’euros

L’État a entendu la profession et a décidé d’accompagner la filière dans la mise en œuvre de mesures de gestion de crise permises au travers de l’organisation commune des marchés du secteur viti-vinicole. Dès à présent, et dans la limite des montants autorisés par les dispositions européennes, ce sont 40 millions d’euros de crédits nationaux complétés par 40 millions de l’enveloppe de financements européens du Fonds européen agricole de garantie (FEAGA) dédiée au secteur viti-vinicole, qui vont permettre d’engager dès cet été une campagne de distillation.

Une seconde campagne de distillation pourra être organisée à partir d’octobre selon la même répartition entre crédits nationaux et européens pour atteindre un maximum de 160 millions d’euros en 2023. La Commission européenne doit encore avaliser ce train de mesures.
Par ailleurs, pour répondre aux difficultés de trésorerie rencontrées par nombre d’entreprises, le gouvernement a prolongé jusqu’à la fin de l’année  l’accord de place sur les restructurations de Prêts garantis par l’État (PGE) dans le cadre de la Médiation du crédit aux entreprises.

Réflexion autour de mesures structurelles

Le ministère de l’Agriculture annonce par ailleurs engager une réflexion autour de mesures structurelles dans certains bassins viticoles, comme  le bordelais où le préfet a monté une cellule de crise. Des pistes sont à l’étude autour de la mobilisation des outils du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) sur la diversification agricole, le renouvellement de générations ou encore l’arrachage sanitaire dans le cadre d’un programme interprofessionnel d’enrayement de la flavescence dorée. Dans le bordelais, les vignerons réclament une enveloppe de 100 millions d’euros pour arracher définitivement 10 000 hectares de vignes, soit environ 10 % du vignoble.

 

Bon à savoir
160 millions d’euros : c’est le montant que l’État pourrait allouer, en deux vagues, à une campagne de distillation.

© Raphaël Lecocq – Uni-Médias – mars 2023

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