Classé monument historique, le Château Royal de Cazeneuve, à Préchac près de Bazas (33), fut l’illustre demeure du roi Henri IV et de la reine Margot. Appartenant à la même famille depuis le 11e siècle, ce château a vécu mille tourments historiques, sans jamais perdre de sa superbe. Si la récente pandémie ébranle quelques certitudes, elle ne peut détruire 10 siècles d’Histoire. Louis de Sabran-Pontevès en est convaincu, et fait le pari de l’investissement, afin de rendre son château accessible aux personnes à mobilité réduite.

Posé dans un écrin arboré de 40 hectares, le Château Royal de Cazeneuve est un bijou gravé dans les arcanes de l’Histoire de France. Appartenant à la lignée des Ducs d’Albret depuis le 11e siècle, ce monument historique (2 étoiles au guide vert Michelin) accueille chaque année, plus de 50.000 visiteurs, en individuel ou en groupe, dont 50 % de clientèle internationale. « Principalement des croisiéristes américains, qui se délectent des petites anecdotes royales », souligne Louis de Sabran-Pontevès, le maître des lieux. Ainsi, au détour d’un couloir, on apprend que l’infidèle Reine Margot allait rejoindre ses amants à la Grotte de la Reine, en empruntant un passage secret depuis les douves du Château  ! Ou encore qu’une certaine Charlotte-Rose de Caumont La Force, née au château sous Louis XIV, a publié de nombreux contes… dont « Persinette» qui a inspiré les frères Grimm, et qui est aujourd’hui une héroïne Disney : Raiponce !

Pandémie et inondations : la double peine


Magnifique rénové et décoré avec du mobilier d’époque, le château s’apprêtait à rouvrir ses portes à Pâques, avant que la pandémie ne vienne stopper net l’activité. Frappé par une fermeture administrative au titre de Musée et Monuments historiques, l’immense demeure de 4500 m2 s’est figée dans le temps, laissant les propriétaires et les 3 salariés dans une incertitude palpable. D’autant qu’un autre coup dur allait frapper le parc classé Natura 2000, sinistré par les récentes inondations du 10 mai. « Malgré cette double peine, nous avons décidé de conserver l’intégralité de notre personnel, sans jamais recourir au chômage partiel, confie Louis de Sabran-Pontevès. L’entretien du château requiert une attention quasi journalière, et les dégâts dans le parc ont demandé un surcroît de travail. Quant à notre guide, elle a suivi une formation en communication (réseaux sociaux, notamment) pour maintenir le lien avec les visiteurs et gagner en visibilité. »

Y aura-t-il des visiteurs ?


Pour faire face à la crise, Louis de Sabran-Pontevès, ancien Responsable du Marché Haut de Gamme LCL de Gironde, s’est naturellement rapproché du Crédit Agricole Aquitaine pour demander notamment un report des échéances de crédit. Le Prêt Garanti par l’Etat ? Après mûres réflexions, il a finalement renoncé à cette aide, disposant encore d’une trésorerie de sécurité suffisante. Mais jusqu’à quand ? C’est la question qui le taraude le plus. « Aujourd’hui, je dois tirer un trait sur 50 % de mon chiffre d’affaires car la clientèle internationale ne sera pas au rendez-vous cette année.  A la réouverture le 30 mai (le Château a reçu un arrêté Préfectoral d’ouverture signé par la Préfète de Gironde), y aura-t-il des visiteurs ? Aujourd’hui, le plan de sauvetage du tourisme prévoit une annulation des charges, mais rien pour inciter les Français à découvrir la France et ses belles régions ; aucun plan de communication, aucune visibilité… »

Vers un tourisme lent et durable


Reste à espérer que les vacanciers joueront le jeu cet été, en privilégiant des destinations « près de chez soi », moins exotiques certes, mais toutes aussi dépaysantes. Ce retour au tourisme lent, local, durable et responsable, permettrait au secteur du tourisme de relever un peu la tête. « Nous avons déjà tout prévu pour accueillir les premiers visiteurs début juin, souligne Louis de Sabran-Pontevès. « Les normes de sécurité imposées s’avèrent drastiques, avec port du masque obligatoire lors des visites, mise à disposition de gel hydroalcoolique, nettoyage des lieux publics 3 fois par jour… »

Un investissement de 700.000 euros


Loin de baisser les bras, Louis de Sabran-Pontevès entend faire de cette contrainte une opportunité, et a même pris le pari d’investir ! « En 2020, nous avions pour projet la mise en accessibilité du château ainsi que la restauration d’une tour effondrée au 18E siècle. La crise sanitaire a freiné notre lancée, mais notre ambition demeure intacte, et nous allons faire appel au mécénat pour le financement. »  Banque familiale depuis de nombreuses années, le Crédit Agricole Aquitaine devrait également soutenir cet ambitieux projet de rénovation, dont l’investissement global est estimé à 700.000 euros. En attendant, la famille attend de pied ferme les premiers visiteurs, dans ce joyau des Ducs d’Albret, où la petite histoire se mêle souvent à la grande !

Pour faire un don : www.chateaudecazeneuve.com

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