Vigneron militant, Jean-Yves Millaire cultive 46 hectares de vignes en biodynamie, sur les appellations Fronsac et Canon Fronsac. Engagé dans cette démarche depuis 2009, ce fervent défenseur de la nature est aussi un alchimiste des cépages, qui aime mélanger les genres…  

Sur les hauteurs de Libourne, dans les appellations de Fronsac et Canon Fronsac, il est un vignoble pas tout à fait comme les autres… Ici, 46 hectares de vignes (30 ha de Bordeaux et 16 ha de Fronsac) dévalent les collines, avec des cépages plutôt atypiques pour la région. Comme le Manseng Noir ou le Castets, des cépages anciens et oubliés, mais aussi du Colombard, du Petit Manseng, du Riesling !

Bienvenue chez Jean-Yves Millaire, vigneron en biodynamie militant pour une culture respectueuse de la terre de son enfance. Car Jean-Yves a grandi ici, entre vignes et Dordogne. Tout commence en 1950, lorsque son grand-père Jean Garnier, boulanger de métier, achète 5 ha de Fronsac… « Quand j’avais 7 ans, il a pris sa retraite, et a mis son domaine en fermage pendant 18 ans, mon père préférant garder sa charcuterie, se souvient Jean-Yves Millaire. De mon côté, j’ai toujours voulu travailler la vigne, alors j’ai poursuivi des études au lycée viticole, puis je me suis formé à Saint-Emilion, Pomerol, Margaux… » 

Du vin en biodynamie dès 2009 !

En 1998, premier clin d’œil du destin : Jean-Yves Millaire reprend 5 ha de vignes familiales, avec l’idée de les travailler à l’ancienne pour faire des vins authentiques. Petit à petit, la propriété s’agrandit, et Jean-Yves Millaire, rejoint par son épouse, décide de convertir tout son vignoble en bio en 2006, et en biodynamie 3 ans plus tard. « C’était un travail de titans, car le domaine est très vallonné, avec de nombreuses parcelles situées sur les coteaux, beaucoup de dévers et des vignes étroites surplombant l’Isle et la Dordogne. Cela dit, ces différentes expositions nous permettent de réaliser des vendanges parcellaires, selon la maturité des raisins, » confie Jean-Yves Millaire.

De vrais magiciens !

Engagé dans la biodynamie depuis plus de 10 ans, Jean-Yves Millaire revendique avant tout le bon sens paysan d’autrefois, où l’on cultivait la terre sans engrais, en fonction de la lune et des saisons. « Les principes de la biodynamie ont été définis par Rudolf Steiner, en 1924. Pour faire simple, la biodynamie exclut tout désherbant et tout traitement chimique pour les cultures. Le travail du sol s’opère majoritairement par des labours et des griffages. Et, pour lutter contre les maladies, nous utilisons des traitements naturels : du cuivre contre le mildiou, du soufre contre l’oïdium, des tisanes de plantes, des préparations à base de silice pour favoriser la pousse de la vigne… »

Ces préparations ancestrales se préparent minutieusement, selon le calendrier lunaire et ses cycles : il y a ainsi des jours « fleurs », « feuilles », « fruits », « racines », qui vont servir de guides pour les différents travaux de la vigne et du chai. « En fait, la biodynamie, c’est un peu l’homéopathie du vignoble : on utilise des doses infinitésimales des différentes préparations biodynamiques que l’on mélange à de l’eau dynamisée. Celles-ci visent à renforcer le système immunitaire de la vigne avant qu’elle ne tombe malade. Les vins en biodynamie ont un goût vrai, avec une grande fraîcheur et une belle minéralité. Ils sont aussi très digestes, avec une pureté de fruits, qui exprime réellement l’identité du terroir. »

11 cuvées et 150 000 bouteilles

Pour Jean-Yves Millaire, cette approche holistique de la vigne est une évidence, car dans les chais, le vin devient « un être vivant » et pur, qui révèle toute sa magie. Aujourd’hui, le vigneron produit 11 cuvées (dont 7 en vins de France), soit 150 000 bouteilles et 200 hectolitres de Bag in Box. D’ici 2 ans, de nouvelles cuvées vont naître grâce à la plantation des nouveaux cépages, pour le plus grand bonheur des particuliers, mais aussi des cavistes, restaurateurs et importateurs.

« Le Crédit Agricole Aquitaine a d’emblée adhéré au projet, car ils ont une forte connaissance de la viticulture et sont ouverts à l’innovation, conclut Jean-Yves Millaire. La banque nous a notamment soutenus pour racheter des vignes en Fronsac (22ha) et Canon-Fronsac (4ha), jouxtant le domaine. Juste avant le Covid, nous avons également rénové une ancienne chartreuse pour en faire des chambres d’hôtes, et le Crédit Agricole a financé en partie le projet. » Au rez-de-chaussée, le chai à barrique est aujourd’hui transformé en salle de réception pour accueillir les réunions, les séminaires ou des salons de vignerons… engagés dans la biodynamie bien sûr !
https://vins-millaire.fr/

 

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